Nous ne sommes pas tous égaux face au stress
« Tout le monde n’absorbe pas le stress de la même manière. Et il est important de ne pas se fier aux apparences car chacun l’exprime à sa façon ». Charge, peur, pression, agressivité : ce sont les mots forts souvent prononcés pour décrire les diverses situations qui peuvent provoquer du stress. Et ses manifestations, là encore, varient selon chacun : cela peut passer par une forme de boulimie, un impact sur la vie personnelle ou… sur chaque seconde qui passe.
Pour la formatrice, un échange collectif peut être salvateur : « Parler et déposer, c’est aussi une manière de gérer son stress. Partager, cela permet (un peu) de relativiser. Dissimuler n’est pas une force ».
Le stress chronique est difficile à évacuer
Au cours de cet atelier, Marleine Mazouz a posé quelques bases pédagogiques et expliqué la distinction entre le stress aigu, que l’on peut en ressentir plusieurs fois en une journée sous forme de pic (un dossier urgent, un mail désagréable, etc.) et qui est en général vite évacué, et le stress chronique. Pour décrire ce dernier, là encore, les mots de la formatrice sont forts : « On s’endort et on se réveille avec. Il nous habite en permanence. Il génère un stress oxydatif qui agresse nos cellules, qui a des effets sur le corps et sur le psychisme. En le subissant, nous ne nous défendons plus de la même manière. A ce stade, le stress s’imprime et il est plus difficile à évacuer ».
Face à ce mécanisme, la formatrice précise : « Nous avons des expériences et des schémas familiaux différents. Nous vivons tout un tas d’événements chargés émotionnellement mais notre gestion est plus ou moins bonne. Le stress est évitable à condition de savoir ce que c’est, de nous connaître un minimum : cela doit passer par un schéma de pensée, ne pas rester au stade de l’émotion car, lorsqu’on est dans l’émotion, on n’arrive plus à penser ».
Préserver sa santé
Pour prendre conscience et analyser ses propres réactions au stress, Marleine Mazouz explique qu’il faut être à l’écoute des manifestations émotives, physiques et comportementales qu’il revêt : « Il y a 3 étapes. La première ce sont des signaux que nous recevons : je vais manger du sucre, me ronger les ongles, etc. A ce stade, soit je vais mieux soit je vais me surinvestir. Dans le deuxième cas, on entre en phase de résistance et celle-ci peut durer longtemps. Pendant ce temps, vous brûlez votre capital santé en repoussant, en vous disant « je vais y arriver. S’il n’y a pas de prise en charge à ce moment-là, vous risquez de glisser vers l’épuisement et c’est trop tard ». C’est à ce stade que peuvent surgir le burn out (épuisement par le travail, sentiment de se consumer de l’intérieur), le bore out (ennui, insatisfaction, perte d’estime) ou encore le brown out (le travail n’a pas de sens). Ces manifestations physiques dues à un débordement de nos récepteurs, mettent la santé en péril : si les émotions ne sont pas exprimées, cela va toucher le physique. « Notre santé, c’est ce que nous devons préserver, nous n’en avons qu’une, elle ne se renouvelle pas. Personne ne peut se reposer, manger, boire, à votre place. Je préfère alerter » commente Marleine Mazouz.
Adopter la bonne attitude
La formatrice poursuit sur la nécessité d’ouvrir ses écoutilles face à ses collègues ou collaborateurs, afin de repérer les signaux du stress et ne pas laisser une situation se dégrader.
Anxiété ou état de fuite
Rougissement, suées, déglutition, respiration rapide, regard fuyant, sourire forcé : ces signes témoignent d’une anxiété aigue. Face à ce type de manifestations, « il est préférable d’éviter de crier, menacer, sanctionner, d’enfermer dans des questions, de juger ou moraliser ». Il est plutôt conseillé de rassurer et aider. Comment ? En écoutant, en tentant de solutionner ensemble. Dire « si tu as besoin je suis là », accorder quelques instants de présence, peuvent avoir beaucoup d’effet.
Agressivité ou état de lutte
Cet état de stress peut se manifester par une rougeur, une tension, une mâchoire serrée, un regard qui fusille, le fait de parler fort, d’avoir ses épaules et bras tendus, de manifester de l’impatience, de l’impulsivité, de refuser la contradiction ou faire preuve de susceptibilité. Face à ces comportements, « mieux vaut éviter de remettre en question, d’attaquer frontalement, de menacer ». La « bonne » attitude est de parler lentement, de marquer la reconnaissance de l’autre, d’être dans une posture d’équité.
Découragement ou état d’inhibition
Les signes qui ne trompent pas sont le repli sur soi, une certaine mollesse, une expression à voix basse, en regard par en-dessous, des soupirs, une absence d’élan, un abattement. Face à un collaborateur dans cette situation, Marleine Mazouz conseille d’éviter de secouer, de nier son état, de formuler des injonctions sur le courage ou la volonté. Une simple présence, des silences, un lien que l’on maintient constituent un bon soutien.
Soulager le stress
Place désormais à une phase plus « pratique » de l’atelier : des techniques et attitudes pour se préserver du stress.
La relaxation
Prendre le temps de s’isoler, se ressourcer quelques minutes lors d’un pic de stress : c’est un bon début. Il peut être aussi très utile d’adopter des techniques de relaxation et notamment celle de cohérence cardiaque nommée « Alchymed » (trois fois par jour, on respire calmement à raison de six respirations par minute et ce durant cinq minutes).
Les bonnes pratiques de la Qualité de Vie au Travail (QVT)
« Soigner le travail plutôt que les individus » : en citant Yves Clot, professeur de psychologie et chercheur, la formatrice introduit la notion de QVT qui existe officiellement depuis une dizaine d’années. Elle rappelle ses fondements : pour le salarié, c’est un moyen de se motiver et de s’impliquer, pour l’équipe c’est un puissant facteur de cohésion sociale, et pour l’entreprise, c’est un levier de compétitivité. Marleine Mazouz présente ensuite les facteurs de protection nécessaires à mettre en place pour préserver la QVT afin que chacun puisse s’épanouir. Mais attention, il ne faut pas attendre de miracle sans une dynamique bienveillante : « Le palliatif ne suffit pas si le management est toxique ».
Informer, former, prévenir
Marleine Mazouz mesure la nécessité d’aller au plus près de ceux qui confrontés aux ravages du stress dans le cadre professionnel : « Je constate que dans beaucoup d’entreprises, la pression est phénoménale. Il y a eu des évolutions mais pas toujours dans le bon sens. Le Covid et le contexte social actuel contribuent à produire de la peur, de la colère, de la tristesse. Il y a encore à faire », explique-t-elle. Quels sont les leviers d’amélioration ? « Cela passe par un accompagnement individuel. Il est difficile de gérer ces situations en groupe. Il faut informer, former, prévenir ».
Managers, RH, chefs de service, collaborateurs : nous avons pour ambition commune une bonne qualité de vie au travail et un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Afin de les aider à accompagner leurs équipes, nous vous proposons de retrouver les grands enseignements de notre atelier « gestion du stress » à travers notre infographie :